Dyspraxie

Qu'est-ce que la dyspraxie ?

La dyspraxie est définie comme un trouble neuro-développemental qui se caractérise par une difficulté à planifier et à coordonner les mouvements physiques en l’absence de tout problème musculaire ou neurologique explicatif. Affectant environ 5 à 6% des enfants en France, ce trouble multifacétique impacte considérablement la vie scolaire, sociale et quotidienne des individus. Les symptômes de la dyspraxie peuvent varier grandement d’une personne à l’autre, rendant parfois le diagnostic complexe. Parmi les manifestations les plus communes, on retrouve une maladresse générale, un manque de coordination, des difficultés à planifier des mouvements, des troubles de la perception spatiale, ainsi que des défis dans l’apprentissage de la lecture et de l’écriture, et des troubles de la parole et du langage. Il fait partie de la famille des troubles dys. Ce trouble est aussi connu que la dysorthographie, mais moins courant que la dyslexie. L’impact de la dyspraxie dépasse souvent les frontières de la simple coordination motrice. Il peut entraîner des troubles de l’apprentissage, une baisse de l’estime de soi et des difficultés dans les relations interpersonnelles. La dyspraxie peut également se manifester sous différentes formes, incluant la dyspraxie visuo-spatiale, idéomotrice, oro-faciale, constructive, et verbale, chacune avec ses propres défis spécifiques. Comprendre la nature et l’étendue de la dyspraxie est essentiel pour développer des stratégies d’intervention efficaces et pour soutenir les personnes atteintes dans leur parcours d’adaptation et d’épanouissement.

Les types de dyspraxie avec exemples

La dyspraxie, avec ses nombreuses manifestations, se divise en différents types, chacun présentant un ensemble unique de défis et de symptômes. Cette diversité dans les formes de dyspraxie souligne l’importance d’une approche personnalisée dans le diagnostic et la prise en charge des personnes atteintes. Voici un aperçu détaillé des principaux types de dyspraxie.

Dyspraxie visuo-spatiale

  • Difficultés à se repérer dans l’espace : se perdre facilement, confondre la droite et la gauche, avoir du mal à suivre une carte.
  • Difficultés à visualiser des objets en mouvement : anticiper mal les trajectoires, attraper un ballon au vol.
  • Difficultés à copier des formes ou à réaliser des puzzles : reproduire un dessin, assembler un puzzle complexe.

Exemple:

Lucas, 8 ans, a du mal à se repérer dans l’espace. Il se perd souvent dans son quartier et confond la droite et la gauche. Il a également du mal à suivre une carte et à visualiser les trajectoires. Lors d’un match de foot, il a du mal à anticiper les mouvements du ballon et à l’attraper.

Dyspraxie idéomotrice

  • Difficultés à coordonner les gestes : boutonner sa chemise, lacer ses chaussures, utiliser des couverts.
  • Difficultés à réaliser des gestes précis : écrire lisiblement, dessiner des formes complexes, couper avec des ciseaux.
  • Troubles de la motricité globale : courir, sauter, grimper, faire du vélo.

Exemple:

Léa, 10 ans, a du mal à coordonner ses gestes. Elle met beaucoup de temps à s’habiller et a du mal à boutonner sa chemise et à lacer ses chaussures. Son écriture est illisible et elle a du mal à dessiner des formes complexes. Elle est également moins à l’aise que ses camarades dans les activités sportives.

Dyspraxie oro-faciale

  • Difficultés à articuler les sons : prononcer certains mots correctement, parler de manière fluide.
  • Difficultés à mâcher ou à avaler : s’étouffer facilement, avoir besoin de beaucoup de temps pour manger.
  • Troubles de la succion : difficultés à téter au biberon ou à la cuillère.

Exemple:

Théo, 6 ans, a des difficultés à articuler certains sons. Il prononce « b » à la place de « d » et « ch » à la place de « s ». Il a également du mal à mâcher certains aliments et s’étouffe facilement.

Dyspraxie constructive

  • Difficultés à assembler des objets : construire des puzzles, jouer aux LEGOs, utiliser des outils.
  • Difficultés à réaliser des constructions : copier un modèle, suivre des instructions.
  • Difficultés à planifier et à organiser les étapes d’une tâche.

Exemple:

Clara, 9 ans, a du mal à assembler des objets. Elle ne parvient pas à construire des puzzles complexes et a du mal à jouer aux LEGOs. Elle a également du mal à suivre des instructions et à planifier les étapes d’une tâche.

Dyspraxie verbale

  • Difficultés à articuler les sons : prononcer certains mots correctement, parler de manière fluide.
  • Difficultés à trouver les mots : s’exprimer de manière précise, trouver le mot juste.
  • Difficultés à comprendre le langage oral : suivre une conversation, comprendre des consignes.

Exemple:

Enzo, 12 ans, a des difficultés à articuler certains sons et à trouver les mots. Il s’exprime de manière hésitante et a du mal à suivre une conversation. Il a également du mal à comprendre des consignes complexes.

Il est important de noter que les types de dyspraxie peuvent se combiner et que les symptômes varient d’une personne à l’autre.

Les causes de la dyspraxie

La dyspraxie, trouble complexe du développement, suscite un intérêt croissant dans la recherche médicale et scientifique en raison de ses impacts significatifs sur la vie des personnes qui en sont atteintes. Bien que les causes exactes de la dyspraxie demeurent en partie méconnues, une combinaison de facteurs neurologiques, génétiques, environnementaux et obstétricaux semble jouer un rôle crucial dans son apparition et son évolution.

Facteurs neurologiques

Des anomalies dans le développement cérébral constituent un aspect central dans la genèse de la dyspraxie. Les recherches indiquent que les personnes atteintes présentent souvent des différences marquées dans la structure et le fonctionnement de régions cérébrales spécifiques, notamment celles liées à la planification et à l’exécution des mouvements. Cette particularité peut entraîner des déficits dans la coordination motrice et la perception spatiale. Par ailleurs, les lésions cérébrales, qu’elles surviennent avant, pendant ou après la naissance — dues à des accidents vasculaires cérébraux, des infections ou des traumatismes crâniens —, peuvent également contribuer au développement de la dyspraxie.

Facteurs génétiques

La présence de la dyspraxie au sein de certaines familles suggère une composante héréditaire significative. Les avancées scientifiques ont permis d’identifier plusieurs gènes potentiellement impliqués dans son apparition, soulignant ainsi l’importance des facteurs génétiques. Ces découvertes ouvrent la voie à une meilleure compréhension des mécanismes sous-jacents et pourraient, à terme, conduire à des stratégies de prévention et de traitement plus ciblées.

Facteurs environnementaux

L’exposition à des substances toxiques durant la grossesse, comme l’alcool et le tabac, est reconnue pour augmenter le risque de dyspraxie chez l’enfant. Cette sensibilité à l’environnement intra-utérin pointe vers l’importance cruciale d’un mode de vie sain pendant la grossesse. En outre, la prématurité est également identifiée comme un facteur de risque notable, mettant en évidence le rôle crucial des soins périnataux dans la prévention des troubles du développement.

Facteurs obstétricaux

Les complications obstétricales, telles que la souffrance fœtale durant la grossesse ou l’accouchement, peuvent augmenter le risque de dyspraxie. Ces conditions stressantes pour le fœtus peuvent avoir des conséquences durables sur le développement neurologique, soulignant l’importance d’un suivi médical étroit durant ces périodes critiques.

La nature multifactorielle de la dyspraxie rend le diagnostic particulièrement complexe. Un bilan neuropsychologique complet, évaluant tant les fonctions cognitives que motrices, est indispensable pour identifier la présence de ce trouble. L’objectif ultime de ce diagnostic est de déployer des interventions adaptées permettant aux personnes dyspraxiques de développer leurs capacités au maximum de leur potentiel. Bien que la détermination des causes exactes soit souvent complexe, la compréhension croissante de ces différents facteurs contribue à améliorer les stratégies de prise en charge et d’accompagnement des personnes atteintes de dyspraxie.

Chercheurs :

  • Dr. Catherine Billard: Spécialiste française de la dyspraxie, elle a dirigé de nombreuses recherches sur le sujet.
  • Pr. Guy Rizzolatti: Neuroscientifique italien, il a découvert les neurones miroirs, qui pourraient jouer un rôle dans la dyspraxie.
  • Dr. Richard I. Smith: Psychologue britannique, il a développé des outils de diagnostic et d’intervention pour la dyspraxie.

Traitement de la dyspraxie

Bien que la dyspraxie ne bénéficie pas actuellement d’un remède curatif, un éventail de thérapies et d’interventions est disponible pour soutenir les personnes atteintes, en vue d’améliorer leurs capacités fonctionnelles et de les aider à surmonter leurs défis quotidiens. Ces interventions se concentrent sur le développement des compétences motrices, communicatives, émotionnelles et sociales, contribuant ainsi à une meilleure qualité de vie.


Thérapies psychomotrices

La thérapie psychomotrice joue un rôle clé en aidant à affiner la coordination motrice, la perception spatiale et les capacités de planification des mouvements (praxie). Parallèlement, la psychomotricité relationnelle se focalise sur l’amélioration de la gestion des émotions et le renforcement de la confiance en soi, des aspects cruciaux pour l’épanouissement personnel.


Orthophonie

Cette thérapie est essentielle pour les personnes dyspraxiques, notamment pour celles rencontrant des difficultés de parole, de langage et de communication. Elle vise également à renforcer les compétences en lecture et en écriture, facilitant ainsi l’accès à l’éducation et à la communication efficace.


Ergothérapie

L’ergothérapie soutient le développement de l’autonomie dans les activités quotidiennes, et aide à adapter l’environnement scolaire et professionnel aux besoins spécifiques de la personne dyspraxique. Cette approche est fondamentale pour favoriser une participation active dans divers contextes de vie.


Psychothérapie

La dyspraxie s’accompagnant souvent de troubles émotionnels et psychologiques, la psychothérapie devient un outil précieux pour gérer ces aspects. Elle aide à cultiver l’estime de soi et à affronter les défis scolaires et sociaux. Cette évaluation peut se réaliser à mon cabinet ou en séance de psychologie à distance.


Interventions éducatives

La mise en œuvre de plans d’aide individualisés (PAI) dans le milieu scolaire, les adaptations pédagogiques et les aménagements des examens constituent des mesures essentielles. La formation des enseignants sur les besoins spécifiques des élèves dyspraxiques est également cruciale pour un environnement éducatif inclusif.

L’approche thérapeutique doit être pluridisciplinaire, combinant divers professionnels pour une prise en charge globale et personnalisée. Un suivi médical régulier est recommandé pour évaluer l’efficacité des interventions et ajuster le plan de traitement selon l’évolution de la dyspraxie.

Les interventions peuvent varier considérablement en fonction des besoins individuels et du type de dyspraxie. Par exemple, pour la dyspraxie visuo-spatiale, des exercices spécifiques de repérage dans l’espace et l’utilisation d’outils adaptés pour la lecture et l’écriture peuvent être bénéfiques. Pour la dyspraxie idéomotrice, des ateliers de motricité fine et des séances d’ergothérapie pour les gestes quotidiens sont recommandés.

Le soutien familial et social joue un rôle indispensable dans le processus de thérapie, offrant encouragement et compréhension. En définitive, bien que la route soit parfois semée d’embûches, un diagnostic précoce associé à une prise en charge adaptée ouvre la voie à un épanouissement significatif et à une vie riche et pleine pour les personnes dyspraxiques.

Impact de la dyspraxie sur la vie quotidienne

La dyspraxie peut avoir un impact important sur la vie quotidienne des personnes qui en souffrent. Elle peut affecter leur estime de soi, leurs relations sociales, leur scolarité et leur vie professionnelle.

Voici quelques exemples:

  • Difficultés dans les gestes quotidiens: s’habiller, manger, écrire, se brosser les dents.
  • Troubles de l’apprentissage: lecture, écriture, mathématiques.
  • Maladresse et manque de coordination.
  • Difficultés à s’organiser et à planifier.
  • Fatigue et épuisement.
  • Baisse de confiance en soi.
  • Sentiment de frustration et d’incompréhension.
  • Isolement social

Le soutien aux familles et aux personnes dyspraxiques

Le soutien des familles et des amis est essentiel pour les personnes dyspraxiques. Il est important de les comprendre, de les encourager et de les aider à surmonter leurs difficultés. Voici quelques exemples de soutien:

  • Apprendre à connaître la dyspraxie et ses implications.
  • Encourager l’enfant ou l’adulte dyspraxique et valoriser ses réussites.
  • Adapter l’environnement aux besoins de la personne dyspraxique.
  • Aider à la planification et à l’organisation des tâches.
  • Offrir un soutien émotionnel et psychologique.
  • Collaborer avec les professionnels de santé et d’éducation.

Stratégies de compensation et d'adaptation

Les personnes dyspraxiques peuvent développer des stratégies de compensation et d’adaptation pour minimiser l’impact de la dyspraxie sur leur vie quotidienne. Voici quelques exemples:

  • Utiliser des outils adaptés: ordinateur portable, logiciels de synthèse vocale, outils de planification.
  • Mettre en place des routines et des rituels.
  • Décomposer les tâches en plusieurs étapes.
  • Prendre le temps de faire les choses.
  • Demander de l’aide quand cela est nécessaire.
  • Apprendre à gérer le stress et l’anxiété.

La dyspraxie est un trouble qui peut avoir un impact important sur la vie quotidienne des personnes qui en souffrent. Cependant, il existe de nombreuses options pour aider les personnes dyspraxiques à vivre une vie pleine et entière.

Un diagnostic précoce, une prise en charge adaptée et le soutien des familles et des amis sont essentiels pour maximiser les chances de réussite des personnes dyspraxiques.

Mon approche de la dyspraxie​

« Dans le cadre d’un fonctionnement dyspraxique, et dysgraphique, la similitude qui se manifeste avec ces deux fonctionnements résident dans le fait que l’enfant et l’adulte « habitent » mal le corps, et par conséquent sont maladroits, contrôlent mal leurs gestes ce qui en pâtira grandement sur la motricité fine tel que tenir un crayon, le contrôler, comme relevant de l’impossibilité pour eux. Attention, ils ne sont pas inaptes, ni handicapés ou autres. En plus d’avoir des difficultés à habiter leur corps, leur pensée étant imagée, ils devront la convertir en mots qui perdra alors tout son sens, et qu’il sera incapable de reproduire car sa motricité fine n’est pas suffisamment opérationnelle. Cette problématique sera décourageante, il se considérera comme nul, bon à rien pour au final perdre totalement confiance en lui.

La solution que je préconise, est de les faire écrire sur un clavier adapté à la taille de leurs mains dès le plus tôt possible requérant une condition : apprendre à taper avec tous les doigts comme un dactylographe. Une fois cette maitrise acquise, ils pourront écrire quasiment au rythme de leur pensée et trouver le plaisir de s’exprimer à l’écrit. »

Dravinsingh BALGOBIN

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