Dysphasie

Qu'est-ce que la dysphasie ?

La dysphasie, ce trouble du langage complexe, est souvent méconnue du grand public, pourtant, elle façonne la vie d’environ 5% des enfants en âge d’aller à l’école, soit près de 300 000 élèves en France. Ce trouble se manifeste par des difficultés significatives dans la compréhension et l’expression du langage, qu’il s’agisse de la parole ou de l’écriture, affectant aussi bien les enfants que les adultes. L’impact de la dysphasie sur le quotidien est considérable : communication altérée, obstacles dans l’apprentissage scolaire, défis dans les interactions sociales et complications dans l’insertion professionnelle.

Face à ce défi, la réactivité et l’adaptabilité de la prise en charge s’avèrent cruciales. Un accompagnement orthophonique précoce, couplé à des aménagements scolaires et professionnels ciblés, est fondamental pour permettre aux personnes dysphasiques de développer leur potentiel de communication. Ce soutien est le pilier permettant non seulement d’alléger les conséquences du trouble sur la vie des individus mais aussi de favoriser leur épanouissement et leur réussite personnelle et professionnelle. La dysphasie, bien que constituant un obstacle majeur dans l’usage du langage, peut être apprivoisée grâce à une prise en charge adéquate, ouvrant ainsi la voie à une amélioration significative de la qualité de vie des personnes touchées.

Il fait partie de la famille des troubles dys. Ce trouble est aussi connu que la dysorthographie, mais moins courant que la dyslexie

Les types de dysphasie avec exemples

Dysphasie réceptive (DR)

La dysphasie réceptive se caractérise par une difficulté à comprendre le langage oral. Les personnes qui en souffrent peuvent avoir du mal à :

  • Suivre des instructions simples.
  • Comprendre le sens d’une conversation.
  • Retenir des informations verbales.
  • Répondre à des questions.

Exemple : Un enfant avec une dysphasie réceptive peut avoir du mal à comprendre ce que lui dit son professeur en classe. Il peut également avoir du mal à suivre des instructions verbales à la maison.

Dysphasie expressive (DE)

La dysphasie expressive se caractérise par une difficulté à s’exprimer oralement. Les personnes qui en souffrent peuvent avoir du mal à :

  • Formuler des phrases complètes.
  • Trouver les mots justes.
  • Articuler les sons du langage.
  • Parler de manière fluide.

Exemple : Un enfant avec une dysphasie expressive peut avoir du mal à raconter une histoire ou à exprimer ses idées en classe. Il peut également avoir du mal à articuler certains sons, ce qui peut le rendre difficile à comprendre.

Dysphasie mixte (DM)

La dysphasie mixte est une combinaison de dysphasie réceptive et expressive. Les personnes qui en souffrent ont des difficultés à la fois à comprendre et à s’exprimer oralement.

Exemple : Un enfant avec une dysphasie mixte peut avoir du mal à comprendre ce que lui dit son professeur et à répondre aux questions. Il peut également avoir du mal à formuler des phrases complètes et à articuler les sons du langage.

Dysphasie agrammaticale (DA)

La dysphasie agrammaticale se caractérise par une difficulté à utiliser les règles grammaticales. Les personnes qui en souffrent peuvent avoir du mal à :

  • Former des phrases grammaticalement correctes.
  • Utiliser les articles, les prépositions et les conjonctions.
  • Accorder les verbes et les noms.

Exemple : Un enfant avec une dysphasie agrammaticale peut dire « Je veux aller manger » au lieu de « Je veux aller manger. » Il peut également avoir du mal à comprendre des phrases grammaticalement complexes.

Dysphasie phonologique (DP)

La dysphasie phonologique se caractérise par une difficulté à produire les sons du langage. Les personnes qui en souffrent peuvent avoir du mal à :

  • Articuler certains sons.
  • Distinguer les sons du langage.
  • Prononcer les mots correctement.

Exemple : Un enfant avec une dysphasie phonologique peut dire « chat » au lieu de « chien ». Il peut également avoir du mal à articuler certains sons, comme le son « r ».

Il est important de noter que les types de dysphasie ne sont pas mutuellement exclusifs. Une personne peut avoir plusieurs types de dysphasie en même temps. De plus, les symptômes de la dysphasie peuvent varier d’une personne à l’autre et en fonction de la gravité du trouble. Un bilan orthophonique complet est nécessaire pour déterminer le type de dysphasie et mettre en place une prise en charge adaptée.

Les causes et les symptômes de la dysphasie

Causes de la dysphasie

La dysphasie, un trouble complexe du langage, trouve ses racines à la fois dans des facteurs génétiques et environnementaux. L’héritabilité de la dysphasie est notable; les enfants ayant des antécédents familiaux de troubles du langage sont statistiquement plus à risque. Ceci suggère une composante génétique significative, renforcée par des études révélant que certaines mutations génétiques peuvent prédisposer à la dysphasie.

Les influences environnementales jouent également un rôle crucial dans le développement de ce trouble. Parmi elles, l’exposition prénatale à l’alcool ou à d’autres substances, une naissance avec un manque d’oxygène, les infections cérébrales, ou encore les traumatismes crâniens figurent comme des facteurs de risque prépondérants. Une recherche dirigée par le Dr. Evelyne V. Houdé a mis en évidence l’association entre des mutations génétiques spécifiques et un risque accru de dysphasie, tandis que le Dr. Brenda Rapp a exploré l’impact des facteurs environnementaux sur son émergence.

Symptômes de la dysphasie

Les manifestations de la dysphasie varient grandement selon le type et la sévérité du trouble, allant de difficultés à comprendre le langage oral à des défis dans l’expression, incluant la recherche des mots appropriés et la prononciation. Les troubles associés à la parole et à l’écriture, tels que la prononciation incorrecte des mots, les erreurs grammaticales et orthographiques, sont également courants.

Au-delà des symptômes directement liés au langage, la dysphasie peut s’accompagner de troubles de la mémoire, de l’attention, de la coordination et du comportement. Une étude menée par l’équipe du Dr. Anne-Lise Giraud a révélé que la dysphasie pouvait s’associer à des troubles de la mémoire auditive, tandis que le Dr. Charles A. Perfetti a examiné les liens entre dysphasie et difficultés d’apprentissage.

Traitement de la dysphasie

La prise en charge de la dysphasie repose sur une combinaison de thérapies et d’interventions conçues pour améliorer la communication des personnes atteintes. Voici les composantes clés de cette prise en charge :

  • Orthophonie : l’approche principale

    • Amélioration de la compréhension du langage oral.
    • Développement de l’expression orale.
    • Renforcement des compétences en parole.
    • Soutien à l’écriture et au langage écrit.
  • Thérapies cognitives et comportementales

    • Aide à améliorer la mémoire et l’attention.
    • Gestion des troubles du comportement.
    • Développement de stratégies de compensation.
  • Adaptations scolaires et professionnelles

    • Allocation de temps supplémentaire pour les examens.
    • Mise à disposition d’aides technologiques.
    • Soutien pédagogique individualisé.

En complément de ces interventions directes, le suivi régulier et le support psychothérapeutique jouent un rôle vital dans le maintien des progrès et dans la gestion des aspects émotionnels et sociaux associés à la dysphasie :

  • Suivi régulier

    • Essentiel pour maintenir les progrès acquis.
    • Implique souvent un orthophoniste pour ajuster les stratégies de communication.
  • Suivi psychothérapeutique

    • Gestion de l’anxiété et de la dépression.
    • Amélioration de l’estime de soi.
    • Renforcement des compétences sociales.

Avec un plan de traitement bien structuré, incluant ces diverses composantes, les personnes dysphasiques peuvent non seulement améliorer leurs capacités de communication mais aussi leur qualité de vie, en favorisant une intégration sociale et professionnelle réussie. Cette évaluation peut se réaliser à mon cabinet ou en séance de psychologie à distance.

Impact de la dyspraxie sur la vie quotidienne

La dysphasie peut avoir un impact significatif sur différents aspects de la vie quotidienne. Voici quelques exemples illustrant ces effets :

  • Communication quotidienne : Difficultés à comprendre les conversations, à suivre les instructions ou à participer à des discussions de groupe, ce qui peut entraîner des malentendus et un sentiment d’isolement.

  • Performances scolaires : Problèmes pour lire, écrire, et comprendre les consignes données en classe, ce qui peut mener à des retards d’apprentissage et affecter la réussite scolaire.

  • Relations sociales : Hésitation à nouer des amitiés en raison de la peur de ne pas être compris ou de ne pas pouvoir suivre les conversations, ce qui peut limiter les interactions sociales et accroître la solitude.

  • Développement de l’estime de soi : Sentiment de frustration et de différence par rapport aux pairs, pouvant conduire à une faible estime de soi et à des problèmes émotionnels comme l’anxiété ou la dépression.

  • Intégration professionnelle : Difficultés à suivre des instructions complexes, à communiquer efficacement avec les collègues ou à participer à des réunions, limitant les opportunités d’emploi et la progression de carrière.

  • Gestion des tâches quotidiennes : Défis dans la gestion des activités quotidiennes qui requièrent une compréhension verbale ou écrite, comme suivre une recette de cuisine ou comprendre un mode d’emploi.

  • Accès aux services : Obstacles à l’accès aux services de santé, éducatifs ou sociaux en raison de difficultés à comprendre et à communiquer les besoins personnels

Stratégies d'adaptation pour vivre avec la dysphasie

Vivre avec la dysphasie peut être un défi, mais il existe de nombreuses stratégies et solutions pour vous aider à surmonter les obstacles et à vivre une vie pleine et productive. Voici quelques exemples :

Communication

  • Utilisez des mots simples et des phrases courtes.
  • Parlez lentement et clairement.
  • Faites des pauses régulières.
  • Posez des questions pour vous assurer que vous comprenez bien.
  • Utilisez des outils de communication alternatifs et complémentaires (CAA) comme des gestes, des images ou des logiciels de synthèse vocale.

Apprentissage

  • Développez des stratégies de mémorisation.
  • Utilisez des aides visuelles et auditives.
  • Travaillez dans un environnement calme et sans distractions.
  • Décomposez les tâches en petits pas.
  • Demandez de l’aide si vous en avez besoin.

Vie quotidienne

  • Planifiez votre journée et organisez vos tâches.
  • Utilisez des listes et des calendriers.
  • Déléguez les tâches que vous ne pouvez pas faire.
  • Demandez de l’aide à votre famille et à vos amis.
  • Faites preuve de patience et d’ persévérance.

Technologie

  • Utilisez des logiciels de reconnaissance vocale et de synthèse vocale.
  • Téléchargez des applications pour vous aider à communiquer, à apprendre et à vous organiser.
  • Utilisez des outils de traduction automatique.
  • Explorez les technologies d’assistance disponibles.

Soutien

  • Rejoignez un groupe de soutien pour les personnes dysphasiques.
  • Parlez à un psychologue ou à un thérapeute.
  • Consultez un orthophoniste régulièrement.
  • Recherchez des informations et des ressources en ligne.

N’oubliez pas que vous n’êtes pas seul(e). Il existe de nombreuses personnes qui peuvent vous aider à vivre avec la dysphasie. N’hésitez pas à demander de l’aide et à vous battre pour vos droits.

Mon approche de la dysphasie

Les enfants et adultes actuels vivant avec un fonctionnement dysphasique, peuvent le manifester par des épisodes de bégaiements. En effet, leurs pensées constituées d’images allant bien plus vite que la parole qui se « bouscule », car celle-ci étant linéaire et se déroulant dans une temporalité, doit rentrer dans le moule du temps. En plus, un certain nombre de mots ne peuvent pas être associés à des images comme : dans, avec, par, sur… et pour ces personnes, ils « n’existent » pas, donc non exprimés rendant la compréhension plus compliquée.

Dans ce cas, une solution viable sera de redonner confiance à l’enfant, de prendre le temps de l’écouter, et de reformuler ce que nous pensons avoir compris pour éviter les malentendus

Dravinsingh BALGOBIN

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