Dyscalculie

Qu'est-ce que la dyscalculie ?

La dyscalculie est un trouble d’apprentissage spécifique aux mathématiques qui touche environ 5 à 7% des enfants. Cette condition ne se limite pas seulement à des difficultés avec les chiffres mais englobe également des défis dans la conceptualisation des quantités et des relations spatiales. Par ailleurs, 40% des enfants dyscalculiques éprouvent également d’autres troubles d’apprentissage, ce qui complique souvent leur parcours éducatif. Il est également intéressant de noter que la dyscalculie est plus fréquemment observée chez les garçons que chez les filles, ce qui soulève des questions sur les facteurs de genre associés à ce trouble. Cet article vise à fournir une compréhension claire de la dyscalculie, en explorant ses causes profondes et les options thérapeutiques disponibles.

Il fait partie de la famille des troubles dys. Ce trouble est aussi connu que la dysorthographie, mais moins courant que la dyslexie.

La dyscalculie est un trouble d’apprentissage spécifique qui se manifeste par des difficultés importantes dans l’acquisition et le traitement des compétences mathématiques. Ce trouble affecte la capacité d’une personne à comprendre les nombres, à apprendre les faits mathématiques de manière fluide, et à effectuer des calculs précis. Contrairement aux difficultés mathématiques ordinaires qui peuvent être surmontées avec de la pratique et du temps, la dyscalculie implique une lutte constante avec les concepts de base des mathématiques, rendant les tâches quotidiennes qui nécessitent des compétences en calcul particulièrement ardues.

Les types de dyscalculie avec exemples

La dyscalculie est un trouble d’apprentissage spécifique qui affecte la compréhension et l’utilisation des nombres. Elle se manifeste par des difficultés persistantes et importantes dans divers domaines mathématiques, comme le comptage, la numération, la pose d’opérations, la résolution de problèmes et la mémoire des faits mathématiques.

Il existe différents types de dyscalculie, chacun avec ses propres caractéristiques et manifestations :

Dyscalculie visuo-spatiale:

  • Difficultés à manipuler les nombres et les symboles dans l’espace
  • Confusion entre les signes mathématiques (+, -, x, =)
  • Incapacité à aligner les colonnes lors de la réalisation d’opérations
  • Difficultés à lire des tableaux de nombres
  • Difficultés à se repérer dans les cartes et les plans

Exemple : Un enfant dyscalculie visuo-spatiale peut écrire 23 au lieu de 32, ou avoir du mal à comprendre le concept de « avant » et « après » sur une ligne numérique.

Dyscalculie verbale

  • Difficultés à comprendre et à utiliser le langage mathématique
  • Confusion entre les mots mathématiques (ex: « addition », « soustraction », « multiplication », « division »)
  • Incapacité à comprendre des expressions mathématiques simples (ex: « la moitié de », « plus que »)
  • Difficultés à nommer les nombres, surtout au-delà de 100

Exemple : Un enfant dyscalculie verbale peut avoir du mal à dire « soixante-dix » au lieu de « soixante-quinze », ou ne pas comprendre ce que signifie « l’addition » lorsqu’on lui pose une question.

Dyscalculie idéomotrice

  • Difficultés à automatiser les procédures de calcul et à écrire les nombres
  • Omission de chiffres lors de l’écriture de nombres
  • Inversion des chiffres (ex: 12 au lieu de 21)
  • Difficultés à apprendre les tables de multiplication

Exemple : Un enfant dyscalculie idéomotrice peut écrire 143 au lieu de 431, ou avoir du mal à apprendre les tables de multiplication par 2.

Dyscalculie practo-gnosique

  • Difficultés à associer les symboles numériques aux quantités concrètes
  • Difficultés à comparer des quantités
  • Difficultés à utiliser des outils de mesure (ex: règle, balance)
  • Difficultés à résoudre des problèmes mathématiques impliquant la manipulation d’objets

Exemple : Un enfant dyscalculie practo-gnosique peut avoir du mal à compter des objets, ou à comprendre qu’un groupe de 5 objets est plus grand qu’un groupe de 3 objets.

Dyscalculie opératoire

  • Difficultés à comprendre les concepts mathématiques et à les appliquer à la résolution de problèmes
  • Difficultés à choisir la bonne opération mathématique à utiliser
  • Difficultés à suivre les étapes d’une procédure de résolution de problème
  • Difficultés à faire des estimations

Exemple : Un enfant dyscalculie opératoire peut avoir du mal à résoudre un problème simple comme « Pierre a 5 bonbons. Il en donne 2 à Marie. Combien lui en reste-t-il ? », ou ne pas comprendre la différence entre addition et soustraction.

Il est important de noter que ces types de dyscalculie ne sont pas mutuellement exclusifs. Un enfant peut présenter des difficultés dans plusieurs domaines à la fois. De plus, la sévérité des troubles peut varier d’un individu à l’autre. Il est important de consulter un professionnel qualifié (psychologue neuropsychologue, orthophoniste) pour obtenir un diagnostic précis de la dyscalculie et mettre en place une prise en charge adaptée aux besoins de l’enfant. Le suivi peut se faire en séance en cabinet ou en séance de psychologie à distance.

Les causes de la dyscalculie

La dyscalculie est un trouble d’apprentissage complexe résultant de l’interaction entre des facteurs génétiques, neurologiques, développementaux et environnementaux. Pour développer des interventions efficaces, il est essentiel de comprendre ces diverses influences.

Facteurs génétiques

Des études génétiques montrent une forte composante héréditaire dans la dyscalculie. La recherche a révélé que les troubles d’apprentissage mathématique, y compris la dyscalculie, peuvent être présents chez environ 50% des membres d’une même famille où au moins un membre est déjà affecté. Bien que les chercheurs n’aient pas identifié un gène unique responsable, ils soulignent que plusieurs gènes pourraient interagir pour augmenter le risque de dyscalculie.

Neurobiologie

Des études d’imagerie cérébrale ont identifié des différences dans le fonctionnement du cerveau chez les personnes avec dyscalculie. Par exemple, le lobe pariétal, crucial pour le traitement numérique, montre souvent une activité réduite. Selon une étude de l’Université de Stanford, les enfants avec dyscalculie activent moins cette région lorsqu’ils sont confrontés à des tâches mathématiques, comparé à leurs pairs sans le trouble.

Facteurs de développement

Les risques liés au développement, tels que les naissances prématurées ou les faibles poids à la naissance, sont également des facteurs de dyscalculie. Des recherches indiquent que jusqu’à 30% des enfants nés prématurément présentent des difficultés significatives avec les mathématiques. Ces conditions peuvent affecter le développement neurologique de manières qui prédisposent l’enfant à des troubles d’apprentissage.

Éducation et environnement

L’environnement éducatif joue un rôle crucial dans le développement des compétences mathématiques. Un manque de méthodes d’enseignement adaptées aux enfants avec des besoins spécifiques ou une exposition insuffisante à des activités enrichissantes peut exacerber les difficultés en mathématiques. De plus, la peur des mathématiques, ou l’anxiété mathématique, affecte environ 20% des élèves, créant un obstacle supplémentaire à l’apprentissage efficace des mathématiques.

Interaction des facteurs

Il est rare qu’un seul facteur cause la dyscalculie; plutôt, c’est souvent une combinaison de plusieurs facteurs qui interagissent. Cette interaction complexe explique pourquoi les symptômes et la sévérité du trouble peuvent varier considérablement d’un individu à l’autre.

Comprendre les multiples causes de la dyscalculie est essentiel pour adapter les interventions et fournir un soutien efficace aux individus affectés, permettant ainsi de maximiser leur potentiel d’apprentissage dans un cadre éducatif adapté.

Chercheurs notoires et leurs travaux sur la dyscalculie

1. Stanislas Dehaene (France)

  • Travaux: Neuropsychologue cognitif reconnu pour ses recherches sur le développement du cerveau et la cognition numérique. Il a notamment découvert des différences d’activation cérébrale chez les enfants dyscalculies lors de tâches mathématiques.
  • Publications:
    • « The Number Sense: How the Brain Makes Sense of Numbers » (2011)
    • « Sources of Mathematical Thinking: From Brain to Behavior » (2005)

2. Ghislaine Habib (France)

  • Travaux: Psychologue cognitive spécialisée dans l’étude de la dyscalculie chez l’enfant et l’adulte. Elle a développé des outils d’évaluation et d’intervention pour les personnes dyscalculies.
  • Publications:
    • « Dyscalculie: Troubles du nombre et du calcul » (2010)
    • « Apprentissage et troubles des apprentissages: Cognition, développement et remédiation » (2008)

3. Roi Cohen Kadosh (Royaume-Uni)

  • Travaux: Neuroscientifique cognitif qui étudie les bases cérébrales de la dyscalculie en utilisant des techniques d’imagerie cérébrale et de stimulation transcrânienne magnétique.
  • Publications:
    • « The neuroscience of numerical cognition » (2018)
    • « Brain mechanisms for number sense » (2015)

4. Francesca Iacoboni (Italie)

  • Travaux: Neuropsychologue et neuroscientifique qui étudie les liens entre la dyscalculie et les troubles du mouvement, comme la dyspraxie.
  • Publications:
    • « The role of premotor cortex in number processing » (2008)
    • « Dyscalculia: a motor control disorder? » (2005)

Traitement de la dyscalculie

La dyscalculie est un trouble d’apprentissage spécifique qui affecte les compétences numériques et calculatoires. Il est crucial d’adopter une approche personnalisée et adaptée pour chaque enfant, avec des thérapies visant à développer des stratégies compensatoires et à améliorer les compétences mathématiques.

Thérapies psychomotrices

  • Objectifs : Améliorer la coordination motrice fine, la perception spatiale, et la structuration temporelle. Développer la conscience du corps et l’orientation dans l’espace.
  • Activités : Jeux de motricité, exercices d’écriture, ateliers de manipulation d’objets, et parcours psychomoteurs.

Orthophonie

  • Objectifs : Renforcer les compétences phonologiques et visuo-spatiales, développer le langage mathématique, et enseigner des stratégies compensatoires pour la gestion des nombres.
  • Activités : Exercices de discrimination auditive et visuelle, jeux de langage, ateliers de lecture et d’écriture, et stratégies de mémorisation des opérations mathématiques.

Aménagements pédagogiques

  • Objectifs : Adapter l’environnement scolaire aux besoins de l’enfant, faciliter l’apprentissage des mathématiques, et réduire l’anxiété liée aux mathématiques.
  • Exemples d’aménagements : Utilisation de matériel pédagogique adapté comme des calculatrices ou des tableaux numériques, supports visuels concrets, adaptation du temps pour les évaluations, et tutorat par les pairs.

Soutien psychologique

  • Objectifs : Aider l’enfant à gérer ses émotions et son estime de soi, développer des stratégies d’adaptation, et prévenir les troubles anxieux ou dépressifs.
  • Activités : Entretiens individuels ou en groupe, techniques de relaxation, et ateliers pour renforcer la confiance en soi.

Thérapies cognitives et comportementales

  • Objectifs : Identifier et modifier les pensées négatives associées aux mathématiques, développer des stratégies de résolution de problèmes, et renforcer la motivation et la persévérance.
  • Activités : Restructuration cognitive, exercices d’exposition graduelle aux situations mathématiques, et techniques de renforcement positif.
Une première consultation peut être effectué pour déterminer le champ d’actions.  Cette évaluation peut se réaliser à mon cabinet ou en séance de psychologie à distance.

Impact de la dyscalculie

La dyscalculie, trouble d’apprentissage spécifique du nombre et du calcul, peut avoir un impact important sur la vie quotidienne des personnes qui en sont atteintes. Voici quelques exemples d’impacts possibles :

Difficultés scolaires

  • Mauvais résultats en mathématiques: Les enfants dyscalculies peuvent avoir des difficultés à suivre le rythme du cours de maths, à comprendre les concepts mathématiques et à réaliser les exercices.
  • Frustration et perte de confiance en soi: Les échecs répétés en mathématiques peuvent engendrer de la frustration, une perte de confiance en soi et une démotivation scolaire.
  • Harcèlement et exclusion: Les enfants dyscalculies peuvent être victimes de harcèlement ou d’exclusion de la part de leurs camarades en raison de leurs difficultés en mathématiques.

Difficultés dans la vie quotidienne

  • Gestion de l’argent: Les personnes dyscalculies peuvent avoir des difficultés à gérer leur argent, à faire leurs courses, à payer leurs factures et à comprendre les concepts financiers de base.
  • Lecture de l’heure: La lecture de l’heure peut être un défi pour les personnes dyscalculies, ce qui peut avoir des conséquences sur leur ponctualité et leur organisation.
  • Cuisine et mesure: La cuisine et la mesure des ingrédients peuvent être des tâches complexes pour les personnes dyscalculies, ce qui peut limiter leur autonomie dans la vie quotidienne.
  • Lecture de cartes et orientation: La lecture de cartes et l’orientation dans l’espace peuvent être difficiles pour les personnes dyscalculies, ce qui peut compliquer leurs déplacements.
  • Emploi: Les personnes dyscalculies peuvent rencontrer des difficultés à trouver un emploi ou à maintenir un emploi dans certains domaines qui exigent des compétences mathématiques.

Impacts psychologiques

  • Anxiété mathématique: La peur des mathématiques et des situations impliquant des nombres est fréquente chez les personnes dyscalculies. Cette anxiété peut se manifester par des symptômes physiques (ex: sueurs, tremblements, palpitations) et des comportements d’évitement.
  • Baisse de l’estime de soi: Les difficultés mathématiques et les échecs répétés peuvent entraîner une baisse de l’estime de soi et une image négative de soi chez les personnes dyscalculies.
  • Dépression: Dans certains cas, la dyscalculie peut augmenter le risque de dépression, surtout si elle n’est pas prise en charge de manière adéquate.

Il est important de noter que l’impact de la dyscalculie sur la vie quotidienne varie d’une personne à l’autre. Certaines personnes peuvent avoir des difficultés importantes dans plusieurs domaines de leur vie, tandis que d’autres peuvent avoir des difficultés plus légères et circonscrites.

La prise en charge de la dyscalculie est essentielle pour minimiser son impact sur la vie quotidienne. Une intervention précoce et individualisée, impliquant des professionnels tels que des psychologues, des orthophonistes et des enseignants spécialisés, peut permettre aux personnes dyscalculies de développer des stratégies de compensation et d’améliorer leurs compétences mathématiques.

En plus de la prise en charge professionnelle, il existe également des moyens pour les personnes dyscalculies de gérer leur trouble et de réduire son impact sur leur vie quotidienne.

  • Utiliser des outils d’aide au calcul, comme des calculatrices ou des applications pour smartphone.
  • Développer des stratégies de mémorisation pour les nombres et les opérations mathématiques.
  • S’organiser et planifier les tâches quotidiennes.
  • Demander de l’aide et du soutien à son entourage.
  • Adopter une attitude positive et persévérante face aux défis.

Mon approche de la dyscalculie

Vivre avec un fonctionnement dyscalculie n’est pas un problème, bien au contraire. L’enfant, et l’adulte lisant l’énoncé d’un exercice, donne une réponse en quasi simultané. Dans notre système scolaire, l’école, nous demande de justifier notre réponse, ce dont une personne ayant ce type de fonctionnement est totalement incapable, pour elle, cela EST. Il n’utilise pas un cheminement linéaire et classique de raisonnement.


Mon conseil : Pour accompagner un enfant et un adulte dyscalculie, accueillez sa réponse sans justification, car grâce à sa pensée en image, il « voit » la réponse.


Dravinsingh BALGOBIN

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