Dysorthographie

Qu'est-ce que la dysorthographie ?

La dysorthographie est un trouble d’apprentissage spécifique qui affecte la capacité à écrire correctement, englobant l’orthographe, la grammaire, la ponctuation, et parfois la structure des phrases. Il fait partie de la famille des troubles dys. Ce trouble, moins connu que la dyslexie, peut néanmoins avoir un impact significatif sur le parcours scolaire et professionnel des individus qui en souffrent. La sensibilisation à la dysorthographie et l’identification précoce, permettent de mettre en place des stratégies de soutien adaptées pour aider les personnes atteintes à surmonter les difficultés qu’elles rencontrent.

En France, on estime que la dysorthographie touche environ 5 à 8% de la population scolaire, soit environ un élève par classe. Ce trouble peut avoir un impact important sur la vie quotidienne des personnes concernées, en affectant leur scolarité, leur vie professionnelle et leur estime de soi.

Les manifestations de la dysorthographie

Diversité des fautes

Les manifestations de la dysorthographie se traduisent par la production de fautes d’orthographe variées et persistantes. On peut les classer en quatre catégories principales :

  • Omissions: oubli de lettres ou de groupes de lettres (« le » devient « l », « maison » devient « maion »).
  • Substitutions: remplacement de lettres par d’autres (« b » devient « d », « f » devient « s »).
  • Additions: ajout de lettres superflues (« chat » devient « chatte », « école » devient « écolécole »).
  • Inversions: lettres ou groupes de lettres mal placés (« bonjour » devient « bonjouir », « plage » devient « palge »).

Ces erreurs peuvent concerner tous les types de mots : noms, verbes, adjectifs, adverbes, etc. Elles peuvent être plus ou moins fréquentes et graves selon la sévérité du trouble.

Impact sur la production écrite

Les fautes d’orthographe peuvent avoir un impact important sur la production écrite des personnes dysorthographiques. Elles peuvent rendre le texte difficile à lire et à comprendre, voire incompréhensible. Cela peut avoir des conséquences négatives sur la scolarité et la vie professionnelle des personnes concernées.

Exemples:

  • Un élève dysorthographique peut faire des erreurs dans ses dictées, ses rédactions et ses examens, ce qui peut affecter ses notes.
  • Un adulte dysorthographique peut avoir des difficultés à rédiger des rapports professionnels, des emails ou des lettres administratives, ce qui peut nuire à sa carrière.

Difficultés spécifiques selon les types de mots

Certaines catégories de mots peuvent poser des difficultés plus importantes aux personnes dysorthographiques :

  • Homophones: mots qui se prononcent de la même manière mais s’écrivent différemment (« eau » / « haut », « faite » / « faîte »).
  • Mots grammaticaux: articles, prépositions, conjonctions, etc.
  • Mots complexes: mots longs avec une structure syllabique complexe (« orthographe », « démultiplication »).

Importance d’une analyse fine

L’analyse des erreurs d’orthographe permet d’identifier les types de fautes les plus fréquentes et de comprendre les mécanismes cognitifs sous-jacents à la dysorthographie. Cela permet ensuite de mettre en place une rééducation orthophonique individualisée et efficace.

Les causes de la dysorthographie

La dysorthographie est un trouble multifactoriel, résultant de l’interaction de causes neurologiques, cognitives, environnementales, et génétiques. Chacune de ces dimensions contribue à la complexité du trouble et souligne l’importance d’une prise en charge individualisée.

Origine neurologique et troubles associés

Considérée principalement comme un trouble d’origine neurologique, la dysorthographie est caractérisée par des différences de fonctionnement cérébral. Les zones impliquées dans le traitement du langage écrit montrent des activités distinctes chez les individus dysorthographiques, impactant leur capacité à écrire correctement. Souvent, la dysorthographie s’accompagne d’autres troubles d’apprentissage comme la dyslexie, qui affecte la lecture, et la dyspraxie, un trouble de la coordination des gestes, soulignant une interconnexion entre diverses difficultés d’apprentissage.

Facteurs cognitifs

Les facteurs cognitifs jouent un rôle significatif dans l’apparition de la dysorthographie. Les difficultés de perception auditive et visuelle, telles que la discrimination des sons et des formes similaires, contribuent à des erreurs d’orthographe. Une mémoire phonologique déficiente limite la capacité à stocker et manipuler les sons du langage, tandis que des problèmes de traitement orthographique entravent l’association correcte des sons aux lettres et la mémorisation des règles orthographiques.

Influence de l’environnement

L’environnement dans lequel un enfant grandit et apprend joue également un rôle crucial. Un manque d’exposition à la langue écrite et des méthodes d’enseignement qui ne prennent pas en compte les besoins spécifiques des élèves dysorthographiques peuvent exacerber les difficultés d’apprentissage. L’environnement socio-culturel et pédagogique est donc un facteur important à considérer dans la compréhension et le soutien de la dysorthographie.

Facteurs génétiques et héréditaires

La recherche a également mis en lumière une composante génétique significative de la dysorthographie. La présence de ce trouble chez les parents ou d’autres proches augmente le risque pour un individu de développer lui-même la dysorthographie. Ce lien héréditaire souligne l’importance d’une surveillance et d’une intervention précoces chez les enfants à risque.

Diagnostic de la dysorthographie

Bilan orthophonique

La première étape du diagnostic consiste en un bilan orthophonique complet. Cet examen détaillé permet d’évaluer les compétences orthographiques de la personne, sa capacité à comprendre et à produire des textes écrits, ainsi que ses compétences grammaticales et en conjugaison. Au-delà de l’écrit, le bilan explore des fonctions cognitives essentielles telles que la perception auditive et visuelle, la mémoire phonologique, la logique et l’attention, afin de déceler d’éventuelles difficultés sous-jacentes contribuant au trouble.

Différenciation d’autres troubles

Il est essentiel que le diagnostic de dysorthographie permette de distinguer ce trouble d’autres difficultés d’apprentissage, comme la dyslexie ou la dyspraxie. Cette différenciation est cruciale pour orienter la rééducation de manière adéquate. Par ailleurs, le bilan vise à exclure les causes visuelles ou auditives qui pourraient affecter l’apprentissage de l’écriture et de la lecture.

Importance d’un diagnostic précoce

Identifier la dysorthographie dès les premiers signes permet d’initier rapidement une prise en charge orthophonique adaptée. Un diagnostic précoce est capital pour limiter les répercussions du trouble sur le parcours scolaire et les activités quotidiennes de l’enfant ou de l’adulte concerné.

Outils et tests

Pour mener à bien le bilan, l’orthophoniste s’appuie sur une variété d’outils et de tests, incluant des dictées de mots et de phrases, des épreuves de fluence en lecture et en écriture, ainsi que des tests spécifiques de discrimination auditive et visuelle. Des questionnaires à choix multiples sur les règles d’orthographe peuvent également être utilisés pour évaluer la connaissance et la compréhension des mécanismes de la langue.

Prise en charge de la dysorthographie

Le rôle central de l’orthophoniste

L’intervention d’un orthophoniste est essentielle dans la rééducation des troubles de l’apprentissage tels que la dysorthographie. Ce professionnel élabore un programme personnalisé axé sur les besoins spécifiques de l’individu, employant une variété de techniques et outils pour améliorer les compétences en écriture.

Stratégies et supports pédagogiques diversifiés

Les méthodes de rééducation s’appuient sur :

  • Approches multisensorielles : L’utilisation conjointe de l’ouïe, de la vue, et du toucher pour renforcer l’apprentissage.
  • Jeux et activités ludiques : Pour stimuler la motivation et l’engagement dans le processus d’apprentissage.
  • Technologies éducatives : Des applications et logiciels conçus pour offrir des exercices interactifs ciblés.
  • Enseignement explicite de l’orthographe : L’acquisition progressive des règles orthographiques et de leur application.

Collaboration étroite avec l’équipe pédagogique et les parents

La réussite de la prise en charge repose également sur la collaboration entre l’orthophoniste, l’équipe éducative et les parents, permettant d’adapter les méthodes d’enseignement et de suivi au profil de l’apprenant et de fournir un soutien cohérent à domicile.

Consultation psychologique : un soutien complémentaire

La consultation d’un psychologue peut jouer un rôle complémentaire crucial dans la prise en charge de la dysorthographie. Cette évaluation peut se réaliser à mon cabinet ou en séance de psychologie à distanceCe professionnel aide à :

  • Évaluer l’impact émotionnel et psychologique : Comprendre les répercussions du trouble sur l’estime de soi et le bien-être général.
  • Développer des stratégies de coping : Apprendre à gérer la frustration, l’anxiété et d’autres émotions négatives liées aux difficultés d’apprentissage.
  • Soutenir la motivation et la persévérance : Encourager l’élève à poursuivre ses efforts malgré les obstacles.

Conséquences sur l’apprentissage et l’importance d’une prise en charge précoce

La dysorthographie peut affecter significativement l’apprentissage, notamment l’acquisition du vocabulaire et la qualité de la production écrite, tout en impactant l’estime de soi. Une intervention précoce, intégrant à la fois des stratégies orthophoniques et un soutien psychologique, est déterminante pour minimiser ces effets et favoriser un développement harmonieux.

Vivre avec la dysorthographie

La dysorthographie peut être un handicap au quotidien, mais il est possible de vivre avec et de réussir.

Voici quelques conseils :

  • Accepter le trouble et ses limites. Se comparer aux autres ne fera que vous décourager.
  • Développer des stratégies de compensation. Par exemple, utiliser des outils de correction orthographique ou des logiciels de synthèse vocale.
  • Mettre en place des aménagements. Demander des temps supplémentaires aux examens ou utiliser un ordinateur portable en classe.
  • Ne pas hésiter à demander de l’aide. L’orthophoniste est un précieux allié, mais les enseignants, les parents et les amis peuvent également vous soutenir.
  • Garder confiance en soi. La dysorthographie ne définit pas votre valeur.

Mon approche de la dysorthographie

« Nous rencontrons souvent le fonctionnement dysorthographique dans les pays dit de « langue opaque », autrement dit, dans une langue qui présente de nombreuses manières d’écrire un seul son. Par exemple, « Le peti lutin avec cé zieu verre » ; « Jème le stèque aché », en faisant l’abstraction des fautes d’orthographe, ce qui est écrit est parfaitement compréhensible car lisible.
Dans ce cas, dès l’instant où la structure de la langue est bonne (mots différenciés), où la phonétique l’est aussi, une seule solution est viable : leur donner le goût de la lecture en attendant patiemment jusqu’à ses 13/14 ans, voir 15 pour certains. »

Dravinsingh BALGOBIN

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